lundi 2 juillet 2018

Pèlerinages

Il est des lieux qui marquent les esprits. On aime s'y retrouver comme pour retrouver une part de soi-même. C'est se retrouver tout court, pour revivre sa part de liberté. Le postérieur assis sur un Bullet est déjà une retrouvaille avec le grand large. On élargit ses limites et on déploie ses ailes pour un grand voyage.
La montagne fait partie de ces lieux que j'affectionne tout particulièrement. Je les ai parcourues à pied, moyen de transport de prédilection lorsque on veut prendre le temps de humer le temps qui passe.
La moto, version Bullet, est cet autre moyen de voyager par les cols et les vallées, à travers ruisseaux et coteaux.
Vendredi dernier, je m'aventurais donc sur ces belles routes des Pyrénées.
Mon passage par Lourdes, ma première étape, a donné le ton à ce tour. En cette heure aussi matinale, la ville se réveillait à peine, les cafetiers ouvrait les stores et nettoyaient leur pas de porte. Sillonnant les rues étroites aux abords de la Grotte, après un défilé d'hôtels et de boutiques de souvenirs religieux, je me suis retrouvé à contre sens d'une procession ininterrompue de petites voitures bleues transportant vers les piscines des personnes handicapées ou malades.
Je me suis senti en total décalage, voire un peu déplacé par rapport à ces pèlerins venant rechercher un espoir de guérison. Je n'avais pas le coeur habillé à ce genre de circonstances, ce n'était pas le moment pour moi pour ce genre de pèlerinage.
J'ai donc poursuivi mon chemin, en pèlerin profane en quelque sorte, sur le chemin du Tourmalet par Bagnères de Bigorre où j'ai fait escale chez Paul, mon concessionnaire Royal Enfield (et non la chaîne de boulangeries).
C'était une halte incontournable car la moto est aussi une occasion de partage et d'amitié. C'est même une part essentielle, sans quoi, on réduit la moto à un objet sans âme. Chez Paul, on ne passe pas seulement quand on a un problème, on y fait un détour pour dire simplement bonjour, on y est toujours bien accueilli, avec un café et quelques histoire à partager. Sans rien lui demander, il fait un check de votre moto, histoire de s'assurer que tout va bien et puis on repart le coeur léger. On se sent un moment autre chose qu'un client capté dans le cadre d'un process d'accueil bien formaté. Avec Paul et Alex, on sent avant tout des motards passionnés.
Me voilà donc reparti sur les routes depuis Bagnères de Bigorre en direction de Luz Saint Sauveur, par le Col du Tourmalet.
La route à l'enrobé très abîmé après des mois d'hiver, monte rapidement. Le temps est encore un peu voilé mais des trouées bleues se dévoilent ça et là, laissant présager un temps lumineux et chaud dans l'après midi. 
Aux abords du col, le temps sera franchement beau. Sur cette route passant par La Mongie, à la chaussée incertaine et trompeuse parfois, le danger des cyclistes un peu trop téméraires est toujours présent. Le risque en descente d'en voir un déborder de sa partie de route me fait redoubler de prudence. 



Depuis Luz Saint Sauveur, je décidais de faire un détour par Luz Ardiden, autre route mythique du Tour de France, avant de redescendre vers Argelest-Gazost.
Ce versant du Tourmalet révélait un paysage moins occupé par l'homme et ses remontées mécaniques. La beauté pure et intense de la montagne. 
Petite pause repas dans la descente du col au pied d'une très jolie croix en pierre. Un endroit paisible baignée d'une douce lumière. Une ambiance de montagne au son du torrent qui dévale, de la sonnerie du clocher de l'église voisine et des grillons qui entonnent leur chant apaisant.  

Aux abords d'Argeles-Gazost, un petit détour par Saint Savin et sa basilique. Un site brillant par sa simplicité, respirant une profonde quiétude. Le touriste y est encore absent, mais cela ne saurait durer.
Bientôt une foule bigarrée viendra fouler le pavé de cette placette déserte et en profaner le silence.





Depuis Argeles-Gazost, la montée du Soulor est plus riante du fait du retour d'un franc soleil. La route du col présente une autre ambiance qu'au mois de mai, où j'en avais fait l'ascension par temps gris (cf "Un petit détour par le Soulor").
La route est plus roulante qu'à la montée du Tourmalet, les virons s'enchaînent harmonieusement. Je me disais d'ailleurs en montant que la moto en montagne est une excellente école de conduite. Elle vous aguerrit au maniement de la machine dans ses nombreux virages et épingles et vous rend prudent, car les dangers abondent.





Depuis le Soulor, je continue vers le Col d'Aubisque avant d'être obligé de faire demi-tour à son sommet, la route étant barrée 7 kms plus loin, effondrement de la chaussée oblige!
Le retour à la maison, par le Col du Soulor, se fera par une forte chaleur et par de petite route du Piémont Pyrénéens, entre Nay, Bruges et Arudy.
Ces routes ne m'ont pas encore livré tout leurs secrets et leurs détours, très nombreux. C'est un véritable méandre.

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