mardi 1 janvier 2019

Voyage d'hiver

janvier 01, 2019 0
Il s'est écoulé plusieurs mois depuis mon dernier article. Il faut dire qu'avec la reprise, les occasions de sortie ne se sont pas présentées. La moto n'est pas pour autant restée au garage. Depuis mon retour à Pau, j'ai la chance de me rendre au travail à son guidon. La route en est transfigurée au point d'être devenue une route de balade alors que je sillonne quotidiennement les petites routes de campagne. Rouler sur une pareille monture est une manière certaine de transformer son quotidien et sa morne routine. A peu de frais et au prix des petits inconforts des intempéries et températures hivernales, la route devient voyage. 
Depuis la route balcon que je prends quotidiennement j'ai la chance de pouvoir contempler le magnifique défilé des Pyrénées. Quelle splendeur en cette saison quand le ciel est totalement dégagé. Une invitation à se détourner de son chemin habituel et à franchir les cols!
C'est précisément ce que j'ai fait ce lundi, tout dernier jour de l'année écoulée. Un temps clair et froid était annoncé et la météo n'a pas été démentie.
Lever au petit matin et départ vers 7h00 par nuit noire en direction de la Vallée d'Ossau par laquelle je voulais rejoindre le Col d'Aubisque.
La première heure n'a pas été des plus agréable, dans la nuit, le semi-brouillard et le froid mordant.
Malgré mon équipement adapté et mes épaisseurs de vêtements, j'ai commencé à subir les morsures du froid dans la profonde vallée entre Gan et Arudy au point d'être contraint de faire halte à Rébénacq pour me réchauffer les mains. De plus, vu la visibilité, je ne me sentai pas forcément à l'aise avec des accotements très peu visibles et de la buée à l'intérieur des lunettes. Je pris mon mal en patience en pensant à ce que j'allai vivre par la suite.
La poursuite de la route a été des plus grandiose alors que le jour se levait progressivement sur la route moins encaissée entre Arudy et Laruns où je fis halte pour un café.
Après Laruns, je m'élevai enfin au pied des géants bleus. Les premiers rayons illuminaient leurs sommets enneigés. Atmosphère paisible alors que je traversai Gourette dont l'activité est figée par le manque de neige. L'arrivée aux abords du Col d'Aubisque offre un panorama exceptionnel. Moment de recueillement au sommet, vide de toute activité mais rempli de toute cette immensité. Le bleu profond domine, en contrepoint au froid ardent de ce matin et accroît cette sensation de froid. Impression  de troubler la quiétude d'un lieu. 
Ils sont précieux ces instants et heureux sont ceux qui savent les vivre au guidon d'une pareille moto. Elles vous hisse au plus haut, fidèle et robuste, faite de ce bon vieux métal. Le son de son mono rythme chaque viron et épingle. Son petit gabarit en fait un compagnon de route idéal. Vous pouvez sillonner les routes les plus étroites et les plus vironeuses avec une incroyable agilité. Une moto à l'échelle de l'homme en somme.
Au sommet, après une ascension pareille à une procession méditative, on ne peut qu'être happé par la beauté des lieux. Les cîmes environnantes se donnent en offrande. Il suffit d'être là et d'admirer.
A mesure que le soleil se lève au dessus des sommets, les modelés changent. La platitude des zones obscures acquière du relief et les demi-teintes de la pierre et de la végétation se révèlent.
Après une séance photos en profitant des premiers rayons du soleil, c'est la redescente par le même chemin puisque le col est fermé l'hiver à son sommet.
Dans la descente, je prends tout le temps nécessaire de profiter des paysages et faire halte pour une photo lorsque la configuration le permet.
De retour par la Vallée, je retrouve un froid paradoxalement plus intense que dans les sommets pourtant plus exposés. Ces parois rocheuses sont des frigidaires naturels.
Tout au long de cette virée, avec ces montées et descentes de cols, ce sera également des hausses et chutes de températures accentuées par l'humidité des vallées.

Puis retour par Laruns et, quelques kilomètres plus loin, remontée par le Col de Marie Blanque par le Plateau du Bénou.
L'atmosphère redevient rapidement plus riante avant la redescente du col, beaucoup plus austère, dans une ombre froide et profonde.
Des hameaux gisent là, au pied des monts, dans la torpeur et le gel. Leurs habitants ne doivent pas beaucoup savourer les rayons du soleil dans ces combes encaissées.
J'imagine la vie des gens de ce recoin des Pyrénées. Une vie entre vallon et chemin. Une vie au rythme des ruisseaux et des saisons, loin de la frénésie des villes. Une vie rude cependant.
Au pied du massif, je vire par la gauche en direction d'Oloron Saint Marie et traverse à chapelet de village endormis sous un brouillard épais et glaçant. L'ambiance change du tout au tout, telle est la montagne. Ici, il n'y aucune transition. Tout est tranché et vif, le froid comme la chaleur.
Je découvre une variante par les Coteaux qui me mène sur un plateau à l'atmosphère brumeuse.
Le retour se fera par Lasseube et Gan, le corps transi par une matinée de froid. Voilà de quoi finir une année en beauté.